Petits essais en forme de notules

Malraux définit le lecteur par vocation comme celui qui jouit de «la faculté d'éprouver comme présents les chefs-d'oeuvre du passé»...



Je souscris à cette définition et m'attacherai à présenter ici quelques réflexions au fil de mes lectures qui suivent rarement l'actualité littéraire, pour le plaisir de partager découvertes ou, éventuellement, récriminations... . Quoique, la vie étant bien courte, il vaut mieux, dans la mesure du possible, écarter le désagréable lorsque cela, comme il arrive trop rarement, est en notre pouvoir et vouloir.






vendredi 9 mai 2014

Je mets la patte à la plume (1)

Bon.

Marie-Josée, ma maîtresse, attend trois jours de soleil consécutifs afin de sortir de sa léthargie. Nous avons vu l'astre du jour mardi dernier, et j'en ai profité pour redorer mon hâle naturel et faire le plein de vitamine D. Les gouttes rapidement revenues ont toutefois incité ma maîtresse à se remettre sous l'édredon avec un livre de Simenon.




Comme c'est mon premier printemps et que je ne sais pas trop  à quoi m'attendre, j'ai décidé, moi, Moka de Guimauve, première du nom, de mettre la patte à la plume pour vous donner de nos nouvelles.

À vrai dire, c'est aussi parce que je suis en convalescence et que je m'ennuie un peu, ne pouvant courir dans le jardin ou aller voir les copains. On m'a enlevé, mercredi, des petits morceaux de bedon qui servent à faire des bébés chiens.  Comme je préfère être l'unique «amour-carreauté-vert-et-jaune-et-bleu» de Marie-Josée, cela ne me dérange pas trop sauf que j'ai hâte que la couture arrête de tirer. Cela me fait faire de petits sauts de crapaud de côté quand je marche trop longtemps et j'ai l'air un peu ridicule, ce que je n'apprécie pas.

Pour guérir plus vite, je suis donc à la lettre les prescriptions de mon médecin pour chiens et je laisse ma couture à l'air libre le plus souvent possible :




Comme vous pouvez le constater, j'ai un peu grandi.  Je pèse maintenant vingt et une livres... Vous dites? en kilos? je suis d'origine écossaise, alors, faites vous- même le calcul avec les mesures du continent.



Ma beauté naturelle s'affine et s'affirme avec le temps comme vous pouvez le remarquer, et ma maîtresse dit que mon intelligence n'est pas en reste, surtout lorsqu'il s'agit de faire des coups pendables.  Elle essaie alors de me gronder, mais je vois bien qu'elle se retient pour ne pas rire et je ne prends donc pas ses réprimandes trop au sérieux.

Je continue mes cours d'obéissance, surtout pour y rencontrer mon beau Kanuk, mon grand, très grand ami Husky que j'adore.  Je vais aussi passer trois semaines cet été avec tatie pendant que sa maîtresse sera encore partie.  Hélène a la bougeotte, et moi, cela me fait bien plaisir!

Voilà! Je crois que j'ai fait le tour de nos activités récentes. Quand Marie-Josée se décidera enfin à sortir du lit, elle vous parlera du reste!

À bientôt

Caninement vôtre

Moka de Guimauve















vendredi 14 mars 2014

Photo de la semaine (70) : j'aurais pu...


J'aurais pu vous donner une nouvelle preuve de la belle entente régnant entre les deux Mokettes coquettes :



... ou encore, vous présenter une partie de ma collection de BD désormais en ordre : 



J'ai plutôt choisi une photo sans aucun intérêt artistique, mais qui témoigne de mon immense lassitude en cette fin d'hiver qui n'en finit pas de finir...




La petite lumière verte m'est bien sympathique : c'est celle de mon système de sécurité fort utile tant que les crocs de Moka junior ne sont que des dents de lait.

Par contre, j'ai parfois eu envie de taper avec un marteau sur la petite lumière orange qui a une tout autre signification et qui est demeurée allumée une bonne partie de l'hiver.

Quelqu'un saurait-il dire ce que signifie cette mautadite petite lumière?

Mes hommages et toutes ces sortes de choses...





vendredi 28 février 2014

Photo de la semaine (69) : la malédiction du bol bleu



Ç'aurait pu être le titre d'un album apocryphe de Tintin si Georges Rémi n'avait formellement interdit que l'on donne une suite, quelle qu'elle soit aux aventures de son personnage fétiche et de son valeureux compagnon canin, volonté que ses ayants droit s'acharnent d'ailleurs à faire respecter...

C'est donc plutôt un des épisodes de ma trépidante existence que je vais ici raconter en débutant par quelques informations préalables.

Primo, soulignons que j'aime le bleu, ce en quoi je ne suis guère originale puisque c'est dorénavant la couleur la plus prisée dans le monde occidental, phénomène d'ailleurs démontré par l'historien des couleurs Michel Pastoureau.

Mais les peintres parmi vous me diront sans doute : «Tention! Y'a toutes sortes de bleus!» Je précise donc.

Moi, j'aime le marine, le bleu marin comme disait ma grand-mère paternelle. Ma mère m'a toujours habillée de marine : j'avais de petites chaussures lacées Packards marine achetées chez un client de mon père, Jack B. Nimble.  La visite chez Jack soulignait le changement de saison.  Mes vestes tricotées par ma marraine étaient marine; j'avais aussi de petits ensembles matelots... à force, donc, j'ai fini par devenir fada de cette couleur que j'aurais pu, vu mon esprit de contradiction habituel, détestée, mais non.

Or, je ne sais pas comment les choses se passent de votre côté de l'Atlantique, mais ici, le marine, quand il y en a, est désormais strictement réservé à la gent masculine.  Affront!  On attribue d'office les couleurs tendres et pastel aux gentilles dames : beurk!  D'abord, je ne suis pas gentille et, en plus, avec ma carnation de vraie blonde, au pays du jaune pâle, du rose nanane et du vert pomme, j'ai l'air d'une enfant malade!

Deuzio, je dois aussi vous présenter un de mes vices, de ceux qui s'avouent publiquement : j'adore les bols à café depuis des lustres, c'est-à-dire bien avant que les branchouilles montréalais ne s'exhibent un bol plutôt qu'une tasse à la main.  Malgré le fait que la population générale ne suive pas vraiment cette mode, j'avais tout de même réussi à me constituer une petite collection comprenant un joyau, THE bol : un bol à café espagnol marine! Yep!

Par un soir de grande beuverie -un autre de ces excès m'a un jour coûté une paire de lunettes!- j'ai échappé mon bol marine, moi qui ne casse pourtant jamais rien...

Depuis lors, telle une mendiante sophistiquée, je vais de boutique branchée en quartier huppé pour quémander, en lieu et place d'une piécette, un bol à café marine et me faire immanquablement répondre : «Nan! on n'a pas ça!»

En désespoir de cause, casanière à cause de mes passions canines dont je vous assomme depuis un moment, j'ai chargé quelques amies plus nomades d'écumer pour moi les régions françaises traversées. Dire que je leur ai donné des cheveux blancs est un euphémisme, et je crois bien que les amis de mes amies ne risquent pas de devenir les miens, dussé-je les rencontrer, car la mission transmise leur a aussi causé quelques moments de désespérance. 

Ayant raconté cela à la marraine de Mokadoudou, Nathanaëlle que vous connaissez, celle-ci, généreuse à son habitude, est entrée dans un magasin d'Aurillac pour trouver, coup de bol, du premier coup, l'objet convoité qu'elle a joint, dans un gentil colis, aux joujoux de sa filleule.

Vous devinez la suite : le paquet n'est jamais parvenu à destination!

La malédiction du bol bleu vous dis-je!!!



C'était ma participation, un peu erratique ces temps-ci, à la photo de la semaine d'Amartia


samedi 8 février 2014

Photo de la semaine (68) : la suite des choses...


pour Nadine


Je ne suis pas grande lectrice de poésie, car, comme pour le piano, il me semble que je n'apprécie les pièces qu'au moment où je les connais par cœur, ce qui réduit considérablement le nombre d’œuvres abordées... 

Or, je me suis réveillée ce matin avec un poème d'Anne Hébert en tête.  Je vous ai souvent parlé de Gabrielle Roy, mais je ne crois pas avoir évoqué Anne Hébert que j'ai pourtant beaucoup lue il y a longtemps, mais avec laquelle j'ai toujours eu un rapport plus distant qu'avec LA grande écrivaine de mon adolescence.  Peut-être Anne Hébert est-elle plus dangereuse, somme toute, que Gabrielle Roy...

Car le poème appris il y a trente-cinq ans au moins, sans fioritures et très simplement écrit, n'en est pas moins lourd de sens :

Il y a certainement quelqu'un

Il y a certainement quelqu'un
Qui m'a tuée
Puis s'en est allé
Sur la pointe des pieds
Sans rompre sa danse parfaite.

A oublié de me coucher
M'a laissée debout
Toute liée
Sur le chemin
Le cœur dans son coffret ancien
Les prunelles pareilles
A leur plus pure image d'eau

Au réveil, il me manquait les derniers vers... J'ai cherché un bon moment, par entêtement, avant de finalement faire trois pas, car je dors au milieu de ma bibliothèque.  Voici ce dernier quatrain : 

A oublié d'effacer la beauté du monde
Autour de moi
A oublié de fermer mes yeux avides
Et permis leur passion perdue

En le lisant, je me suis dit : pour le temps qui reste devant qui est moindre que celui que je laisse derrière, pourquoi ne pas accorder une plus grande importance à certains des segments de phrase... la beauté du monde... les yeux avides... leur passion et oublier, cette fois, les premiers vers?

C'est la grâce que je me souhaite et que je vous souhaite...

P. S. Merci à la photographe

C'est ma participation indirecte à la photo de la semaine d'Amartia...







dimanche 2 février 2014

Rencontre de Mokettes...

 Moka : Super! Je peux jouer dans la neige sans être frigorifiée!

Moka : et en plus, tatie est venue me voir!!! Génial!!!

Tatie : dis, je me ferais bien un petit roupillon d'après dîner, non?
Moka : tu es certaine? D'accord, mais on ressort ensuite!

Moka : petit roupillon sur le sol pour moi? ben...

Moka : tu as beau être la plus vieille, je ne trouve pas ça très juste comme situation.
Tatie : il faut que je repose mes pattes comme il faut si tu veux encore faire la folle dans la neige!

Tatie : voilà... tu es satisfaite maintenant?
Moka : ben... pas tout à fait...


Moka : c'est mieux comme ça, non?
Tatie : si tu le dis...











vendredi 24 janvier 2014

Photo de la semaine (67) : froid de canard



Il semble que cette expression soit liée à la chasse au canard qui ne se fait, en France, qu'en période froide, de la mi-septembre à la fin janvier...  Puisse effectivement le froid québécois plier bagage à la fin de ce mois, car la petite Moka fait de louables efforts pour apprendre la propreté, mais la maîtresse manque parfois au rendez-vous lorsqu'il faut sortir par -25 degrés en pyjama...





C'était ma douloureuse tentative de participation à photo de la semaine d'Amartia, car le doigt appuyant sur le déclencheur à mis un bon quart d'heure à dégeler!!!





vendredi 17 janvier 2014

Photo de la semaine (66) : Moka à la guimauve est arrivée...



Je suis certaine que vous pensiez en avoir terminé avec moi... et bien non. 

Je veille toujours sur ma maîtresse et comme elle avait parfois l'idée de venir me rejoindre de l'autre côté du pont de l'arc-en-ciel, j'ai décidé d'intervenir, car en plus d'avoir été un grand chien résilient, je suis aussi très patient.  Ou plutôt patiente devrais-je dire, mais Marie-Josée m'appelait toujours son grand chien...

J'ai donc pris les choses en pattes et, après lui avoir trouvé de la compagnie temporaire pour Noël, je l'ai subtilement incitée à chercher un autre compagnon à poil. Pas un remplaçant, bien entendu.  Ce n'est pas de la présomption, mais je sais que notre histoire d'amour sera toujours unique. Au moins, se sentira-t-elle un peu moins seule... et comme elle a bon cœur,  même si parfois elle en doute, Marie-Josée fera tout de même une jolie place à la petite Moka.

J'ai donc l'honneur de vous présenter Moka à la guimauve... Marie-Josée avait déjà choisi ce nom avant de rencontrer Mokette première, et les deux maîtresses ont convenu que ce serait pratique de n'avoir qu'un seul nom à mentionner lorsque les deux chiennes seraient ensemble. Guimauve était le nom donné par l'éleveur à cause de la blancheur du collier de la petite chose...



Les ancêtres de ce petit berger des Shetland viennent du même pays que les miens; nous sommes donc un peu parentes, et cela me plaît bien.  Moka ne deviendra jamais aussi grosse que moi, et je crois que c'est mieux pour le dos de ma maîtresse qui est tout de même un peu fatiguée.



Je cède donc bien volontiers mes coussins à cette petite Moka dont je surveillerai les progrès du coin de l’œil tout de même... mais je crois que j'ai pris la bonne décision, car Marie-Josée semble déjà aller mieux grâce à cette petite boule de poil qui aura la chance que je n'ai pas eue petite : être accueillie par une personne qui lui veut du bien et s'occupera de son éducation.

Je lui souhaite donc une aussi longue vie que la mienne!

Coup de langue, Moka à la guimauve!